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28 décembre 2006

« Amazonie brésilienne : Un espoir concret pour les défenseurs des populations rurales et de l’environnement »

Santarém, mardi 5 décembre 2006 Le majestueux fleuve Tapajos aux abords de Mangabal rio_tapajos_reflet2 DESCRITPTIF GEOGRAPHIQUE de MANGABAL AIRE (Ha) : 66 291, 5523 ha Région : Alto Tapajós PERIMETRE (m) : 173 303,90 m ÉTAT : Pará DEPARTEMENT : Parauari MUNICIPALITE : Itaïtuba Samedi 2 décembre 2006, une consultation publique avait lieu dans la région du Parà. Dans cette réunion, IBAMA, l’institut brésilien chargé des zones de protection environnementale, a adressé au gouvernement le projet de création d’une réserve naturelle extractiviste (RESEX) sur le territoire Montanha-Mangabal. Cette victoire pour la communauté de Mangabal a été initié par le sociologue, Mauricio Torres et la biologiste Wilsea Figueiredo qui nous ont expliqué l’importance de ce patrimoine culturel et écologique. Berge du Rio Tapajos, décembre 2006 Alors qu’un conflit (1) entre les extracteurs de bois et les communautés rurales, agite la région du Pará en Amazonie brésilienne, samedi 2 décembre 2006, dans la communauté Caboclos de Mangabal se déroulait une consultation publique pour discuter de la création d’une réserve naturelle extractiviste. Si la décision est acceptée, les membres de cette communauté située en amont du fleuve Tapajos à 2O0 kilomètres d’Itaïtuba, seront les seuls autorisés à exploiter leur patrimoine écologique. Entouré de zones de protection environnementale, le territoire de la communauté subissait l’intrusion de grilros dont l’activité consiste à fabriquer des fauts titres de propriété et mettre le feu à des parcelles de forêt pour les vendre aux plus offrant. Indussolo, l’entreprise phare de cette économie écologiquement prédatrice, dispose aujourd’hui de 1 100 000 hectares. Les mécanismes d’expropriation foncière ne sont pas simples à comprendre et les personnes qui s’opposent à ces pratiques s’exposent à des représailles. L’assassinat de Dorothy Stang, le 13 février 2005, est gravé dans les mémoires des défenseurs des droits humains et de la forêt. Si l’illégalité est flagrante lorsque les spéculateurs constituent de faux titres de propriété, l’illégitimité du patrimoine foncier d’Indussolo est plus complexe. Mauricio Torres, sociologue à l’université de São Paulo et spécialiste des dynamiques sociales en Amazonie, nous explique qu’il faut se référer au Régime Torrens. « Ce document juridique sur l’historicité des titres de propriété contient des aberrations. Lorsque l’on examine sa chronologie, on s’aperçoit que dans les années 1950, un propriétaire possédant 400 ha transmettait 400 hectares à chacun de ses fils ». Pour remettre en cause l’action de ces spéculateurs fonciers, M. Torres a montré, documents à l’appui, que l’installation des premiers individus de la communauté Mangabal était antérieure à 1860. Dans cette société orale, les hommes et les femmes ne détiennent pas de titres de propriété. Leur reconnaissance comme propriétaires n’est acquise que depuis le 25 avril 2006 (tribunal de Santarém). Pour Felipe Fritz Braga, procureur de la République, la justice doit privilégier la naissance, la descendance et le travail de la terre, face à l’achat et à la spéculation. Par ailleurs, les membres de la communauté Mangabal ne comprennent pas qu’on puisse réclamer des droits sur un territoire sans y travailler le sol. Cependant, la consultation publique du 2 décembre 2006, organisée par IBAMA, l’organisme brésilien chargé de gérer les zones de protection environnementale, rappelait un triste souvenir. En 1974, suite à la construction de la transamazonica BR-230 qui relie Itaïtuba à Humaitá et qui longe le territoire Mangabal, le gouvernement brésilien créa le Parc national d’Amazonas sur les berges de l’Alto Tapajos. Dans une violence injustifiée, les autorités publiques expulsèrent les populations qui étaient installées sur cet aire géographique. Les membres de la communauté Mangabal furent les premières victimes et durent soit émigrer vers Itaïtuba soit se réfugier un peu plus en amont sur le Tapajos, en dehors des limites de l’unité de conservation réservée à la faune et à la flore. Pour Wilsea Figueiredo, biologiste à l’Université Fédérale du Parà (UFPA), le mode de vie de la communauté participe activement à la conservation de l’environnement. « Le territoire Montanha-Mangabal recense d’avantage de zones de végétation primaire que le Parc national d’Amazonas ou la Flona d’Itaïtuba. La présence d’espèces jamais observées par les scientifiques auparavant prouve que le mode de vie de la communauté participe activement à la préservation du patrimoine écologique ». Le nom de la communauté vient de l’arbre Mangabal qui pousse exclusivement dans les champs de végétation primaire. Mauricio Torres explique ce phénomène socio-environnemental, en décrivant l’arbre généalogique de la communauté. Grâce à la consultation des registres des baptêmes et des mariages, le sociologue a montré qu’à l’origine, cette communauté, installée sur le fleuve Tapajos depuis plus de huit générations, regroupait que quatre familles. Issue du métissage entre des Européens venus pour la collecte du caoutchouc et les Indiens Mundurukus ou Maués(2), ils ont développé un syncrétisme culturel visible dans leur vie quotidienne. Pour assurer leur subsistance, ils pratiquent une agriculture itinérante bien qu’ils soient sédentaires ; ils chassent et pêchent tout en respectant le temps de reproduction des animaux et ils réalisent encore des rites de passage pour les adolescents. Lorsque nous questions José Manuel sur la nature de ces connaissances, il nous répond qu’il les tient de ses parents et de ses grands-parents. Les liens intergénérationnels sont essentiels car l’apprentissage est basé sur l’observation et l’écoute de ses aînés. Dona Santa, femme de 90 ans est la gardienne de la mémoire. Sa perte de la vue nous rappelle que la parole prend un rôle primordial dans la conservation de l’histoire. Et ce samedi 2 décembre 2006, elle assistait à la consultation publique. Dans le fond de la salle, elle écoutait attentivement ce qui arrivait à la communauté. De cette ambiance administrative, vote, prises d’identités et discussions autour de formalités, se dégageait une forte émotion. Plus que la protection que leur donne le statut de réserve extractiviste (RESEX), c’est la reconnaissance de leur existence qui satisfaisait les personnes âgées. Les jeunes étaient déjà dans les projets. Maintenant ils vont pouvoir constituer une association et récolter des financements pour résoudre les problèmes économiques particulièrement liés à l’éducation et aux transports. (1) Depuis le 9 novembre 2006, un conflit à éclater entre les communautés du fleuve Uruará et des madeireiros. Nous rassemblons actuellement des images pour réaliser un reportage sur l’arrestation le jeudi 23 novembre 2006, du photographe Jérôme Coton à Santa Maria. (O Liberal, 29 de novembro de 2006, Journal de Santarém 30 /12/2006 (2) RODRIGUEZ, Jão Barbosa. Rio Tapajos, Rio Do Janeiro, Typographia national, 1875
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